Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsegneur, je ne recepvray jamais chose avec plus dhonneur ny de
2contantemant que la faveur quil vous plaict me despartir par voz lectres
3et de ce que vous ne recepviés des miennes plus souvant nest faulte de volunté
4que jaye de vous obeyr en ceste partie comme en toutes aultres je desire
5très affectueusemant, mès pour le peu de certitude quil y a aux affères
6et occurances de ceste court, desquelles le plus souvant je ne vous peux
7escripre aulcune chose en verité, car le faict de la guerre et de la paix
8a esté en tel bracolemant jusques aujourdhuy et est encores que les
9deliberations de ces choses se traictent comme ceux des fames en Terence :
10« modo pax bellum pax cursum ». Ce qui nous tient toutefois en plus desperance
11de paix que de guerre est lambarquemant de larmée de mer que le roy
12a mandé fère puis deux ou trois jours par monsieur de St-Geran, laquelle
13lon panssoit après la route de monsieur de Janlys, quelle fust revoquée
14par deça pour la mectre sur la frontière, consideré aussi les grandz forces
15qui viennent comme lon dict au duc d’Alve. Il ne se treuve tant de mors
16des chefz des forces dudit sieur de Janlys comme lon disoit au nombre
17dessquelz lon estimoit estre messieurs de Lyny et de Moy, la fame duquel
18sieur de Moy est en ceste court pour avoir lectre de faveur du roy au duc
19d’Alve. Monsieur d’Orches qui part aujourdhuy, vous randra plus certain
20de toutes choses. Je suis très aise monsegneur de vostre guerison et très marry
21de la maladie survenue à monsieur de Laval, laquelle javois deia antandue
22par monsieur du Chastelard. Je prie Dieu quil puisse estre avec aussi peu
23de danger que monsieur de Gargas de sa rojolle. Nous avions aussi antandu
24la convalesance de monsieur le presidant Truchon, de quoy tous ceux qui le
25connoysent ont aultant receu de joye et de contantemant que de
26marrison et de desplaisir de son accident, lextremité duquel a plus
27faict connoistre et precher ses vertus de prudhomie, mesmes au grandz
28et la faulte que nous auryons de la perte de tel personage que dhomme
29qui mourra dicy à cent ans ; sil mestoit permis, je dirois que cela luy
30a apporté aultant daugmentation à sa reputation que les articles de
31ceux de la religion font à vostre grandeur. Il nest parlé icy icy que de
32moyens de trouver argant, ceux qui en donnent sont les biens venus.
33D’Ajazzeto et Scyprien Sardyni en scauroit bien que dire. Lon est aussi
34fort après les moyens du rachapt du Dommeyne. Monsieur de Belmont,
35procureur du roy en nostre chambre, en a ballé quelques ungs pour raison
36desquelz il a deia esté ouy par deux fois au Conseil. Nous somme atandant
37de jour à aultre la resolution de noz affères. Nous en fusmes ouy au Conseil
38à Paris huict ou dix jours après nostre arryvée. Mès nous nen avons encores
40peu tirer aulcune chose. Il semble à plusieurs que le service du roy, la
41raison et le debvoir doibvent veincre lauthorité de messieurs des comptes
42de Parys, Dieu nous en doint bonne issue et lequel je prie
43Monsegnieur en presentans mes très humbles recommandations à vostre
44bonne grace, qui vous doint en parfaicte sancté, longue et heureuse
45vie. De Parys, ce VIIIe jour daost 1572
46Vostre très humble et très obeissant
47Serviteur
48de Chapponay